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Photo du rédacteurMario Griffin

Le réchauffement de la planète menace la production viticole

Le réchauffement du climat devient plus intense

En avril dernier le journal Nature publiait un rapport pour le moins alarmant concernant l’avenir des vignes de régions viticoles traditionnelles qui sont principalement situées à des latitudes moyennes (comme la Californie, le sud de la France, l’Espagne, l’Italie et bien d’autres. 

Comme c’est le cas en agriculture, le changement climatique affecte le rendement des raisins, leur composition et la qualité du vin.


D’ailleurs environ 90 % de ces régions pourraient disparaître d’ici la fin du siècle en raison de la sécheresse excessive et des vagues de chaleur à répétition. En 2017, certains domaines viticoles sont partis en fumée en Californie, comme le Chateau Boswell dans la ville de St. Helena. Le domaine de Newton Vineyard a lui aussi été touché. Partout sur le globe les producteurs ont subi des pertes importantes ces dernières années en raison de conditions climatiques extrêmes.


Les catstrophes naturelles se multiplient

Le Canada n’y échappe pas alors que les viticulteurs de Colombie-Britannique affirment que la vague de froid de janvier 2024 a détruit jusqu'à 99 % de la récolte de la province. C’est un autre coup dévastateur qui fait suite à un autre grand gel paralysant en 2022 et aux dégâts causés par la fumée des incendies de forêt en 2021.


Certaines régions risquent de ne plus pouvoir produire de vin de façon rentable, alors que d'autres pourront profiter de cela dans une nouvelle activité viticole. 

 


2024 pourrait atteindre des températures inégalées.

La planète à chaud.

L’Organisation météorologique mondiale (OMM), a présenté un rapport sur le climat en mars dernier. Le rapport confirme que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Avec une température moyenne à la surface du globe de 1,45 °C au-dessus du niveau de référence de l’ère préindustrielle, le réchauffement poursuit sa course effrénée. La décennie (2014-2023) aura aussi été la plus chaude jamais observée, dépassant la moyenne 1850 –1900 de 1,20 °C. De plus, il y a une « probabilité élevée » que 2024 présente aussi à son tour des températures inégalées.

 

À Rio, presque simultanément, la vague de chaleur qui sévissait en Amérique latine depuis le début de l’année a entraîné une température ressentie record de 62,3 °C au Brésil. Les experts attribuent ces phénomènes extrêmes et l’instabilité météorologique au changement climatique et au phénomène El Niño, qui touche le sud de l’Amérique latine pendant la période estivale, provoquant des incendies de forêt au Chili.

  

La tendance ne date pas d’hier


L'Okanagan pourrait profiter des changements

Dans la plupart des vignobles, les vendanges débutent désormais 2 à 3 semaines plus tôt qu’il y a 40 ans, ce qui a des répercussions sur la composition des raisins et le style des vins produits. Par exemple, l’élévation des températures peut altérer le goût en réduisant l’acidité des raisins, en augmentant le degré d’alcool des vins et en modifiant leur profil aromatique. 


L’humidité et la chaleur favorisent la propagation de maladies fongiques comme le mildiou et l’oïdium. Les viticulteurs doivent donc mettre en place des stratégies de gestion pour minimiser ces risques. Les sécheresses plus fréquentes peuvent affecter la disponibilité en eau pour l’irrigation des vignobles. La gestion de l’eau est donc un enjeu majeur.

 


La planète dans l’œil des chercheurs

 INRAE, Bordeaux Sciences Agro, le CNRS, l’université de Bordeaux et l’université de Bourgogne ont analysé les évolutions à venir dans les régions viticoles actuelles et émergentes à l’échelle mondiale pour adapter la production de vin au changement climatique. Leurs résultats, publiés dans Nature Reviews Earth and Environment, montrent qu’une majorité de régions viticoles côtières et de basse altitude du sud de l’Europe et de la Californie risquent de perdre leur aptitude à produire du vin de qualité à des rendements économiquement soutenables d’ici la fin du siècle si le réchauffement global dépasse +2 °C.

 

Des régions menacées de ne plus produire du vin de manière rentable.

Des études qui pointent dans la même direction

En se fondant sur leur expertise et l’analyse approfondie de la littérature scientifique (plus de 250 publications produites au cours des 20 dernières années), les chercheurs établissent une cartographie mondiale de l’évolution du risque et du potentiel des régions viticoles existantes et nouvelles face au changement climatique. Cette démarche vise à mieux comprendre l’impact du climat sur la viticulture et à anticiper les défis futurs pour ces régions.

L'étude, publiée dans la revue Nature Reviews Earth & Environment, conclut à un risque « substantiel » de perte d'aptitude à produire du vin de manière rentable pour les régions productrices actuelles. Selon le niveau de réchauffement, de 49 à 70% des régions perdraient cette aptitude.


Les conséquences sont désastreuses

Il y aura quand même des gagnants…


À l'inverse, de 11 à 25% des régions où la vigne est déjà implantée pourraient voir leur production s'améliorer, et de nouvelles régions viticoles pourraient émerger à des latitudes et altitudes plus élevées. Par exemple, au sud de la Grande-Bretagne, où la culture est aujourd'hui embryonnaire.


En effet, les températures plus élevées pourraient favoriser la production de vins de qualité dans d’autres régions, telles que le nord de la France, l’État de Washington et l’Oregon aux États-Unis, la Colombie-Britannique au Canada et la Tasmanie en Australie. De plus, cette hausse des températures pourrait même entraîner l’émergence de nouvelles régions viticoles en Belgique, aux Pays-Bas et au Danemark.


Certaines zones viticoles devront s’ajuster, en optant par exemple pour des variétés de raisins plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse, telles que le Carignan, le Grenache, le Mourvèdre (pour les vins rouges) ou le Chenin et le Xynesteri (pour les vins blancs). 

 

Avec tous ces éléments qui émanent de la part des scientifiques, le cauchemar de producteurs en Europe pourrait devenir le rêve de d’autres. On ne sait jamais, le prochain Petrus sera peut-être Canadien d’ici une centaine d’année et peut-être davantage plus vite si les hommes ne parviennent pas à trouver des moyens de freiner le réchauffement de la planète.

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